L'Affaire

TAYEB BENABDERRAHMANE

ARRESTATION ET DETENTION ARBITRAIRE

Le 13 janvier 2020, Tayeb Benabderrahmane est arrêté sans explication par les services secrets qataris à Doha. Placé au secret et torturé pendant près de dix mois, il subit des privations de sommeil, violences physiques et menaces de mort contre lui et sa famille.

Ses geôliers cherchent à lui soutirer des informations sur des documents compromettants, notamment liés à l’attribution de la Coupe du monde 2022 et aux contrats de diffusion des Mondiaux 2026 et 2030 par beIN Media. L’accès supposé à un téléphone appartenant à Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, renforce la pression exercée sur lui.

Transféré après plusieurs mois au centre de détention de Salwa Road, il est maintenu cinq mois supplémentaires à l’isolement, sans contact avec l’extérieur. Affaibli physiquement et psychologiquement, il est finalement forcé de signer des documents falsifiés, impliquant notamment des personnalités françaises.

UN ACCORD FORCE POUR SA LIBERATION

En juillet 2020, sous pression et sans avocat, Tayeb Benabderrahmane est contraint de signer un protocole de confidentialité avec des représentants de Nasser Al-Khelaïfi. Ce document l’engage à ne jamais révéler les traitements subis ni les informations en sa possession, sous peine d’une amende de 5 millions d’euros.

Après dix mois de détention, Doha accepte sa libération sous condition. Il reste sous surveillance en résidence surveillée pendant quatre mois, son passeport confisqué. Ce n’est qu’en novembre 2020 qu’il parvient à rentrer en France, affaibli et souffrant de troubles anxieux et d’un syndrome de stress post-traumatique.

UNE CONDAMNATION A MORT SECRETE

De retour en France, il découvre que les autorités françaises, informées dès mars 2020, sont restées passives face à sa détention et aux tortures subies.

En mai 2023, sans qu’il en soit informé ni représenté, un tribunal qatari le condamne à mort par contumace pour espionnage. Il n’apprend cette sentence que par la presse en septembre 2023.

Ce verdict, perçu comme une tentative d’intimidation, repose sur l’accusation qu’il détiendrait des documents compromettants sur des figures influentes du Qatar, notamment Al-Khelaïfi.

L'OUVERTURE D'UNE ENQUETE EN FRANCE

En 2022, Tayeb Benabderrahmane dépose plainte en France pour enlèvement, séquestration et torture. L’enquête est confiée à trois juges d’instruction.

En juillet 2023, la police perquisitionne le domicile parisien de Nasser Al-Khelaïfi et le bureau de son avocat, révélant une possible implication du président du PSG.

Parallèlement, Tayeb engage un recours international devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), invoquant un traité bilatéral entre la France et le Qatar. Cette procédure force Doha à suspendre ses poursuites contre lui.

UN SCANDALE DIPLOMATIQUE INTERNATIONAL

L’affaire Tayeb Benabderrahmane fragilise les relations franco-qatariennes. Le silence du Quai d’Orsay face à sa condamnation à mort est vivement critiqué, tandis que le Qatar voit dans cette enquête un affront diplomatique.

Ce dossier, qui mêle justice, politique et relations internationales, reste ouvert. Son issue dépendra des avancées judiciaires en cours et des pressions internationales exercées sur le Qatar.

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